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En France, l’avenir arrive sur une péniche

La Seine devient un cas d’étude pour un plan européen visant à réduire les émissions de carbone en transformant les rivières en nouvelles autoroutes.

Tandis que la lumière pâle du matin scintillait sur la Seine, le capitaine Freddy Badar dirigeait sa massive péniche, Le Bosphore, passant devant des villages pittoresques de Normandie et des bois bordés de neige, en se dirigeant vers Paris.

À bord se trouvaient des conteneurs chargés de meubles, d’électronique et de vêtements, chargés la nuit précédente depuis un navire de fret qui avait accosté au Havre, le port maritime du nord de la France. Si la cargaison avait continué par la route, 120 camions auraient encombré les autoroutes. Utiliser Le Bosphore et son équipage de quatre personnes a empêché des tonnes d’émissions de carbone de pénétrer dans l’atmosphère.

« La rivière fait partie d’une solution plus large pour un transport plus propre et l’environnement », a déclaré le capitaine Badar, ses yeux balayant les autres navires transportant des marchandises en amont et en aval de la Seine. « Mais il y a bien plus que nous pourrions faire. »

Alors que l’Union européenne intensifie sa lutte contre le changement climatique, elle doit décarboner le transport de fret, responsable d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Pour y parvenir, elle se tourne vers une solution vieille de plusieurs siècles : ses rivières. Avec 23 000 miles de voies navigables traversant l’Union européenne, les responsables voient un énorme potentiel pour aider à retirer les camions — la plus grande source d’émissions de fret — des routes. Le Pacte Vert Européen, le plan de décarbonisation de l’Union européenne, transformerait les rivières en autoroutes et doublerait le trafic de barges d’ici 2050.

Il y a beaucoup de place pour l’amélioration. Aujourd’hui, les rivières transportent moins de 2 pour cent du fret en Europe. En comparaison, environ 6,5 millions de camions sillonnent les routes européennes, représentant 80 pour cent du transport de fret. Le rail compte pour environ 5 pour cent.

Si les rivières doivent gérer plus de trafic, une grande partie de l’infrastructure des voies navigables européennes vieille de plusieurs décennies, y compris les ports et les écluses, devra être modernisée. Une planète qui se réchauffe ajoute au défi : les sécheresses des dernières années ont immobilisé certains transports sur le Rhin et posent des risques pour la Seine.

Bien que la Seine ne soit pas la rivière la plus fréquentée d’Europe — c’est le Rhin, qui coule à travers l’Allemagne et les Pays-Bas — l’ambition est de la transformer en l’un des principaux centres expérimentaux pour la transition climatique.